Après de longs mois de pluie, l’été s’installe enfin. Le petit groupe s’est donné rendez-vous devant l’école druidique pour entamer une marche de quelques jours en direction de la pierre de la paix dressée sur la montagne du Chasseron. Les étapes sont courtes pour permettre de se reconnecter à soi et à la nature. La cadence privilégie la contemplation plutôt que la performance. Les chèvres ouvrent la marche et prospectent à leur rythme le monde au-delà de leur enclos. A la fois curieuses et anxieuses d’explorer de nouveaux horizons, elles rappellent avec moult bêlements aux marcheurs de rester groupés. Elles agissent par instinct grégaire, à moins que ce ne soit pour se rassurer dans l’élargissement de leur zone de confort ?
Le premier bivouac se fait à proximité d’un menhir dressé au milieu d’un champ. La pierre est placée sur un courant tellurique chaud qui parcourt le vallon et en diffuse l’énergie alentour. Son contact est doux et tiède.
Le trajet du deuxième jour passe sur le territoire de mon ancienne paroisse. Après plusieurs décennies, je prends pour la première fois le temps de découvrir la majesté de ses paysages qui s’étirent sous un soleil chatoyant entre le lac et les montagnes. La symbolique du pèlerinage en cours ne m’échappe pas. Avec mes compagnons de route, je reviens sur les lieux de mon passé avec une nouvelle perspective.
Je me retire du groupe pour faire un détour par le temple où j’officiais autrefois. Je me retrouve devant des portes fermées. Dommage, j’aurais aimé y entrer pour investir le lieu tel que je suis aujourd’hui. Sous le porche où j’avais l’habitude de saluer les paroissiens à la sortie du culte, j’improvise un rituel. J’ouvre un espace sacré et y entonne une série d’awens. L’awen exprime dans le druidisme le souffle primordial de la vie et de l’inspiration. Ma voix se fait plus grave que d’habitude.
La marche des druides pour la paix m’a ramené de ma clairière à mon ancienne paroisse. Son intention était juste : elle me permet de me réconcilier avec mon passé. La boucle est bouclée.
Comments are closed