En stage de sylvothérapie, Pascal se met à l’écoute de la sagesse des arbres. Il apprend à les observer, à s’en imprégner de tous ses sens, à les toucher, à laisser venir les images et les émotions qu’ils suscitent en lui. Il constate que les différentes espèces éveillent en lui des sensations différentes s’il prend le temps de les écouter sans distraction. Elles n’activent pas toutes les mêmes centres énergétiques dans son corps. Il fait de belles rencontres. Adossé contre un peuplier noir au bord du lac de Neuchâtel, il sent l’arbre aspirer à la base de ses reins une énergie noire comme de l’encre diluée dans tout son corps. Une fois le nettoyage terminé, il voit dans son esprit un anneau d’or tourner sur lui-même. Le peuplier noir est connu pour traiter le bagage transmis entre les générations.
Au milieu des pâturages de montagne, il tire l’oracle au pied d’un vénérable érable après avoir plongé ses racines dans les siennes. Dans son tirage, la musique joue un rôle important sur le chemin qui s’ouvre devant lui. Quel potentiel l’arbre a-t-il bien pu voir en lui alors qu’il n’est pas musicien ?
Pascal termine le weekend suspendu par une tyrolienne à des arbres à plus de quinze mètres du sol. Il était toujours obstinément resté sur le plancher des vaches quand ses filles lui réclamaient de faire un parcours encordées dans les arbres. Par principe autant que par peur. Aujourd’hui, son stage lui donne des ailes. Après des premiers pas hésitants, il vole entre les cimes.
Quelques semaines plus tard, les paysages de l’Oberland bernois brillent sous les premiers rayons de soleil d’automne. Le sommet fraîchement enneigé des montagnes se découpe sur les collines vertes et rebondies dans une lumière chaude. Le courant passe tout de suite avec le fabricant de cors des alpes. Pascal vient chercher un instrument pour ses premiers cours au conservatoire de musique. Il prend contact avec le cor. Il le caresse en mesurant sa longueur. L’instrument est authentique : en bois d’épicéa, il est à la fois massif et léger. Pascal n’en a jamais joué mais il trouve rapidement son souffle pour le faire résonner. Son expire anime le cor et le cor nettoie son ventre. Ils ne font qu’un. Pascal s’est toujours cru incapable de faire de la musique. Incroyable intuition de Lucie qui l’a mené vers le cor des alpes ! Qui aurait imaginé qu’il se sentirait un jour musicien ?
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