Le festival des échecs

Les fêtes de fin d’année approchent et l’équipe se retrouve en fin de journée autour d’un vin chaud avant de se disperser pour les vacances de Noël. La période est propice pour tirer un bilan commun des mois écoulés.

Sur l’invitation de Pascal, les collègues forment un grand cercle qui s’étale le long des murs de la salle de réunion. Des chocolats sont disposés dans un plat au centre de la pièce. Chacun est invité à y puiser à tour de rôle pour offrir une douceur à une personne qui l’a aidé dans les derniers mois ou dont il aimerait saluer le travail. Les marques de reconnaissance partagées en groupe galvanisent l’équipe. Dans un deuxième temps, chacun se sert d’un praliné pour soi-même et fait état à haute voix d’un succès personnel, connu ou inconnu de ses pairs, qui est à ses yeux un motif de fierté.

Sur la suggestion d’Ellen, Pascal introduit cette année un troisième tour de parole inhabituel dans le grand groupe. Chaque personne qui le désire peut révéler au cercle un échec professionnel retentissant de la période écoulée. L’équipe sourit à cette idée, reste à savoir qui va se lancer le premier. Après un bref moment de flottement, Laurent se jette à l’eau. Sa campagne médiatique pour la dernière publication de l’association a été un flop retentissant. L’actualité médiatique n’était pas favorable au sujet et il aurait mieux fait de repenser le calendrier qu’il avait imaginé. Les langues se délient petit à petit, non pas dans un esprit de contrition, mais de soulagement. L’évocation d’une erreur en appelle une autre, les échecs révèlent l’humanité des membres de l’équipe qui se regardent les yeux dans les yeux. La session se termine dans un éclat de rire.

Bien des années plus tard, cette pratique, renouvelée à plusieurs reprises, restera pour les membres de l’équipe un des moments marquants de leur collaboration et de leur cohésion.

La communauté joue bien évidemment un rôle déterminant dans la transformation d’une organisation. Celle-ci est une entreprise humaine et collective et les liens communautaires doivent être soignés tout au long de la mue organisationnelle. Il vaut la peine d’en mettre en avant les aspects ludiques pour donner plus de légèreté au processus de changement. La foire aux erreurs ou « fuck-up festival » ne tourne pas en dérision les échecs de l’équipe. Elle en fait au contraire un moment festif qui permet de les dédramatiser et de reconnaître les imperfections inhérentes à toutes les collaborations et toutes les organisations. 

Cette pratique et bien d’autres est tirée du manuel « Safe enough to try, se transformer soi-même pour transformer son organisation »: https://shop.isca-livres.ch/isca-livres/1178-book-safe-enough-to-try.html

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