L’alpage domine le lac de Brienz de couleur émeraude. Il est entouré d’un cirque de montagnes sans être écrasé par la proximité des sommets. La rivière alpine qui traverse le site, le Giessbach, se précipite en contre-bas dans une cascade spectaculaire. Sherlock Holmes aurait trouvé la mort au pied de celle-ci. Le temps brumeux qui couvre la région évoque d’ailleurs à la perfection l’atmosphère mystérieuse de romans de Conan Doyle.
Un cercle de pierres levées s’étale au haut de l’alpage. Il a été restauré par le centre d’inspiration hindoue qui organise des séminaires sur place. L’endroit aurait déjà été investi par les druides à l’époque des Celtes. Si je ne me retrouve pas tout à fait dans l’interprétation orientale du lieu vibratoire décrite sur la page internet du centre, je devine bel et bien les énergies qui traversent le lieu. Un courant est-ouest traverse le plateau en provenance de l’Axalp. De la pierre centrale, dont le profil rappelle le visage buriné d’un vieillard, jaillit un courant chaud qui balaie le corps dans un mouvement giratoire quand on s’appuie contre elle. La forêt juste en dessous du lieu est habitée. Ses nombreux recoins et les champignons en abondance font tout de suite penser à des lutins. L’émanation des hêtres qui bordent le bois est apaisante.
Le chemin qui longe le cercle dans la direction du sud mène à une petite crête. Derrière celle-ci, une rencontre aussi inattendue que magnifique. Un érable majestueux se dresse au fond de la combe. Son tronc massif semble gardé par un elfe suggéré par le profil de l’écorce. De là s’étirent dans toutes les directions des branches solides. Leurs contorsions ont pourtant une légèreté féérique. Au pied de l’arbre, une fontaine.
Au fur-et-à mesure que l’on descend la pente pour s’approcher du vieux sage, l’air devient plus dense et le temps semble ralentir sa course. En pénétrant le champ énergétique de l’érable, on entre dans un cycle d’éternité.
On s’étonne, enfin, que l’arbre maître dégage quelque chose de si fort que les effets de la ligne à haute-tension toute proche qui crève le paysage semblent totalement annulés.
L’instant, comme le lieu, est magique.
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