Les saveurs du parc

Tels des derviches tourneurs, les bras des marronniers enveloppent Pascal et l’emportent dans leur mouvement quand il monte l’allée du parc public. L’entrelacs de leurs branches agit sur lui comme une voûte protectrice, généreuse et accueillante. Le vieux tilleul au tronc épais et profondément enraciné dans la terre dispense au haut du monticule l’énergie chaleureuse et diffuse de son grand âge. Vénérable, il a déjà beaucoup donné. Sur l’esplanade, l’érable du Japon poursuit le mouvement, cette fois-ci avec la gestuelle gracieuse d’une danseuse indienne. Les branches qui s’enroulent en spirale autour de son tronc ont la délicatesse de doigts féminins formant des mudras. Elles pétillent de joie. Au milieu du parc, trois bouleaux élancés vers le ciel comme trois faisceaux de lumière blanche. Ils activent le corps de Pascal à partir du buste, l’élèvent et le purifient. Ils attirent son regard vers la hauteur de leurs branches qui accueillent les oiseaux. Pascal les observe couché à leur pied. Son regard est attiré par le frêne en bordure du parc. Il déploie ses branches imposantes et semble tenir à lui seul le ciel dans la toile de ses rameaux. Sa position comme sa posture le désignent comme l’arbre maître parmi toutes les espèces plantées dans le parc. Il est l’axe qui relie la terre et le ciel. Il captive le regard par son maintien. Il émane un sentiment de stabilité, voire d’éternité, qui se déploie jusque dans les entrailles de Pascal.  Les chênes en bordure de parc s’inclinent devant lui. La floraison des roses offre aux sens, tel un bouquet final, une explosion de senteurs et de couleurs.

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