J’ai grandi à Saint-Blaise. Je n’ai appris que tardivement les origines de ce saint. Blezh, en breton, était le jumeau de Merlin, le loup sauvage qui arpentait les forêts en suivant son instinct. La tradition chrétienne en a fait son assistant ou son secrétaire.
Cette version assagie ou édulcorée de Blezh évoque mon propre parcours. Dans ma cellule familiale, il fallait se plier aux convenances. A un niveau symbolique, il n’est pas étonnant que mes parents m’aient donné la vie à Saint-Blaise. Merlin était là, mais il fallait l’étouffer.
Je redécouvre aujourd’hui l’esprit du loup. J’apprends à me mettre dans sa peau. Je le devine parfois m’habiter. Je ressens l’appel à exprimer ma puissance, non plus seulement selon la voie lissée et balisée de Blaise, mais en intégrant aussi l’énergie de Blezh et de Merlin.
L’image du loup illustre aussi mon choix d’explorer des voies de traverse. Le loup vit tantôt en solitaire, tantôt en meute. J’ai besoin d’explorer mon territoire avant de le traverser en compagnie. C’est ma manière d’apprendre, comme j’en ai fait l’expérience dans de nombreux domaines. C’est aussi l’esprit du loup qui m’a permis de m’engager par mes propres moyens sur une voie initiatique avant de l’approfondir avec une sagesse ancestrale. En relisant mon parcours, je peux dire que j’étais déjà loup avant même d’être protestant.
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