Transformation organisationnelle et transformation personnelle sont étroitement liées. Elles s’alimentent mutuellement. La sphère privée des collaborateurs ne peut pas être planifiée comme les mesures de développement de l’entreprise. Et pourtant, les deux domaines entrent en résonance. Au point qu’il est parfois difficile de dire où le changement commence véritablement et quelle sphère a le plus d’impact sur l’autre.
Le sol est tantôt chaud, tantôt frais sous les pieds de Pascal. En contact direct avec la terre, il épouse les aspérités des rochers, il sent le picotement des aiguilles de sapin sèches entre ses orteils, il s’attarde dans la boue qui subsiste malgré la chaleur estivale.
Pascal pratique la randonnée à pieds nus. Il a progressivement renoncé au matériel d’usage pour parcourir les sentiers alpins. Au fur et à mesure que son sac s’allégeait, son pas se faisait plus agile. Il constate avec bonheur être moins essoufflé qu’avant. Il transpire moins. Finies aussi les ampoules. Son regard s’aiguise, il est plus attentif aux endroits où il pose les pieds sans pour autant ralentir sa cadence. Il marche de manière plus consciente. Et surtout, le contact avec la terre le nourrit. Il le régénère et lui donne de l’énergie au fur-et-à-mesure qu’il progresse.
En retirant ses chaussures, Pascal ôte ses couches de protection. Impossible de se sentir enraciné avec des semelles qui gardent ses pieds en vase clos. Déchaussé, il entre dans la matière de la nature. Une nature dont il ressent faire partie. A pieds nus, il se fond dans le paysage. Ses souliers écrasaient le sol, ses pieds l’épousent. Sa démarche s’assouplit et active la musculature de ses jambes. Il abandonne aussi la peur de s’exposer et de se blesser. Un faux pas ou un accident est toujours possible, même à pieds nus. Sauf que la crainte ne prive plus Pascal de la jouissance du contact direct avec les éléments.
Pendant toute la phase de transformation de son organisation, Pascal s’est lui-même transformé dans une synchronicité troublante entre les différents domaines de sa vie. Ses convictions les plus profondes ont été mises à l’épreuve du feu et se sont déverrouillées. Il a développé un contact intime avec la nature qui a ouvert ses perceptions et l’a changé physiquement. La posture qu’il adopte en arpentant les sentiers naturels est un miroir de sa nouvelle posture au travail : affranchi de croyances qui n’ont plus lieu d’être, il est libre de remettre en question les dogmes professionnels. Il s’expose à son environnement organisationnel, l’épouse et s’y adapte en conscience et en confiance des surprises qu’il peut y trouver.
Les collègues de Pascal ont également fait leur chemin, chacun à sa manière. Les uns ont franchi le pas pour se former dans des centres d’intérêt qui les attiraient depuis longtemps. D’autres ont fondé leur propre organisation. D’autres encore ont tout simplement appris à se laisser porter par le flux et les remous de la vie. Chacun garde le souvenir d’une expérience personnelle et professionnelle intense dont on ne sort pas indemne. Le constat est unanime : tous ont grandi.
La transformation personnelle de Pascal est racontée dans le livre Le passage du gué, de Calvin à Merlin : https://shop.isca-livres.ch/isca-livres/1176-book-le-passage-du-gue.html
Le manuel Safe enough to try aborde la question de la posture des collaborateurs dans la transformation organisationnelle: https://shop.isca-livres.ch/isca-livres/1178-book-safe-enough-to-try.html

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