Spiritualité sensuelle

La rigueur du protestantisme fait son attrait et sa force.  Selon le principe du sacerdoce universel, tous les membres de l’Eglise sont prêtres. Personne n’a d’accès privilégié à Dieu. Tout le monde a l’autorité d’interpréter la Bible et de lui donner un sens dans le monde actuel. Pour cela, toutefois, une formation de base est nécessaire. Dans une lecture historico-critique, il s’agit de remettre les textes bibliques dans leur contexte d’origine pour en dégager le sens initial et saisir comment ils ont été compris au fil du temps. Cette approche analytique doit garantir une certaine objectivité et prévenir une instrumentalisation des écritures par la personne qui les interprète.

Ceci explique pourquoi le protestantisme a, dans son histoire, souligné l’importance de l’éducation et s’est engagé pour que le plus grand nombre y ait accès. Ceci explique aussi le caractère très mental et intellectuel du protestantisme. A l’époque de la Réforme, les églises ont été vidées de leurs images, de leurs décorations et de leurs parfums pour encourager les fidèles à se concentrer sur le verbe. La parole de Dieu, transmise par le sermon, est devenue l’élément central du culte. Les membres des paroisses sont ainsi invités à penser par eux-mêmes.

Grâce à l’autonomie accordée par le protestantisme, de nombreuses communautés ont fini par revaloriser dans le culte des éléments plus sensuels préservés par le catholicisme et l’orthodoxie, comme le chant et la liturgie. La prédication en reste toutefois le plat de résistance et de nombreux fidèles viennent avant tout chercher à l’église une stimulation intellectuelle. Avec plus ou moins de bonheur, le culte dominical et les études bibliques s’apparentent à un cours d’histoire.

La liberté de pensée du protestantisme replace l’humain seul en face de Dieu. Ce tête-à-tête intime et exigeant a souvent été exclusif dans la tradition protestante au détriment des autres formes du Vivant. La création ou le règne animal sont certes dotés d’une âme, mais leur accès au divin n’est pas aussi abouti que celui de l’homme.

La voie druidique propose un autre accès à la spiritualité. Celui-ci est axé sur l’expérience avant la réflexion. L’exploration des sens physiques est la porte d’entrée vers le développement des sens subtiles. Ceux-ci permettent de se connecter à soi, au monde physique et au monde invisible qui nous entourent. La vue, l’odorat, le goût, l’ouïe et le toucher peuvent être exercés jusqu’à devenir des antennes capables de détecter les signaux les plus subtiles.

Cette communion sensuelle donne lieu à un dialogue avec le monde environnant, qu’il soit minéral, végétal ou animal. Un dialogue qui s’ouvre avec le ressenti d’un échange énergétique, par exemple avec une pierre ou un arbre. Un échange énergétique que l’intuition peut parfois traduire par une image ou un message. Le mental est un allié essentiel du ressenti pour donner un sens à celui-ci, mais il lui est subsidiaire et ne doit pas se mettre en travers de ce dernier. Certains messages, certains échanges, n’ont pas besoin d’être mis en mots pour être compris et intégrés. La sensualité inhérente au druidisme remet de la magie dans le monde : l’humain s’y retrouve connecté à la toile du Vivant et se met à dialoguer avec les lieux et les êtres qu’il croise sur son chemin. Un dialogue qui le fait avancer dans sa conscience de faire partie d’une communauté vivante et sacrée. Les sens mènent ainsi à une compréhension toujours plus profonde de soi.

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